Tout droit venu du Japon, le kintsugi propose de redorer littéralement parlant les objets que l’on a cassés. Cette technique ancestrale s’impose désormais comme une véritable tendance déco.
Après la vague des tendances déco scandinaves (lykke, hygge, lagom…), c’est au tour du pays du Soleil-Levant d’insuffler ses inspirations dans nos intérieurs.
Si le wasi-sabi nous avait déjà donné un aperçu des influences décoratives japonaises, c’est désormais le kintsugi qui nous fait voyager.
Cet art ancestral nippon consiste à redonner vie à des objets cassés pour les rendre encore plus beaux malgré leurs imperfections. Zoom sur cette mouvance pleine de sens !
Une pratique artistique et philosophique
S’il arrive peu à peu dans nos intérieurs européens, le kintsugi n’est pourtant pas nouveau !
Il s’agit d’un art japonais séculaire, né au XVe siècle. Le principe est simple : lorsqu’un objet est cassé – généralement de la vaisselle ou un vase –, on le répare en soulignant ses « cicatrices » d’un liseré d’or.
Cette technique a l’avantage de rendre les bibelots brisés encore plus beaux qu’ils ne l’étaient mais aussi de les renforcer grâce à la laque utilisée.
Au-delà de l’aspect esthétique et décoratif évident du kintsugi, c’est une vision symbolique de résilience très japonaise que l’on retrouve dans cet art.
On ne cherche plus à masquer les défauts mais à les sublimer ; l’objet accepte ses imperfections, ce qui le rend plus résistant.
On dit même qu’un kintsugi est plus solide qu’avant sa blessure ! Certains puristes n’hésitent alors pas à vérifier la force de la réparation en jetant à nouveau au sol l’objet raccommodé.
Un processus lent et minutieux
Mais, attention, le kintsugi n’est pas à la portée de tous les doigts ! Il s’agit d’un art minutieux qui requiert patience, concentration et précision.
En effet, la réparation d’un objet à la mode nippone nécessite plusieurs étapes, qui peuvent prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Au Japon, on a pour habitude de dire qu’un bon kintsugi prend un an !
Il faut d’abord réunir un à un les éclats de l’objet cassé, les nettoyer et les recoller avec une laque spéciale appelée « urushi », particulièrement résistante, mais qui ne supporte pas les UV.
Une fois les morceaux assemblés, il faut laisser sécher et poncer les aspérités.
Ensuite, à l’aide d’un pinceau spécial, appelé « kebo », on dépose de l’or ou tout autre métal en poudre (laiton, argent, cuivre…) sur les « cicatrices » laquées, ce qui donnera un effet de coulée de métal.
L’objet est enfin prêt à être poli avant de venir embellir votre intérieur. On aimera tout particulièrement des kintsugi sur des étagères ou dans une vitrine.
Focus : La naissance du kintsugi
La légende rapporte que le shogun (le général) Ashikaga Yoshimasa (1435-1490) utilisait toujours son bol préféré, le « chawan », lors de la cérémonie du thé.
Un jour, hélas, il se brisa. Il l’envoya donc en Chine, d’où il provenait, pour le faire réparer.
Mais il fut extrêmement déçu du résultat car le bol revint bardé de vilaines agrafes métalliques qui, non seulement le défiguraient, mais en plus, ne le rendaient absolument pas étanche.
Il chargea alors des artisans japonais de trouver une solution plus fonctionnelle, mais surtout plus esthétique : l’art du kintsugi était né…