Dans la chasse aux passoires énergétiques, l’État a sorti une nouvelle arme : le prêt avance rénovation. Ce crédit réglementé cumulable avec les autres aides publiques permet de couvrir le reste à charge de vos travaux tout en différant le remboursement jusqu’à la vente du logement.
Dans la déjà très grande famille des aides à la rénovation énergétique des logements, un nouveau venu a récemment été ajouté au catalogue : le prêt avance rénovation.
Son objectif : permettre à des ménages qui n’en ont pas forcément les moyens d’entreprendre des travaux d’ampleur sans avoir à supporter des mensualités d’emprunt onéreuses. On vous dit tout.
Empruntez maintenant, remboursez plus tard
Financer son chantier de rénovation énergétique par le biais d’un crédit spécifique, c’est depuis longtemps possible grâce à l’éco-prêt à taux zéro, dit éco-PTZ. Pourquoi alors créer un second produit concurrent ?
La réponse tient en quelques mots : le différé de remboursement. En effet, si l’éco-PTZ vous permet d’obtenir jusqu’à 50 000 € sans intérêts, il faut tout de même pouvoir assumer chaque mois les mensualités de cet emprunt.
Le nouveau prêt avance rénovation offre alors une alternative intéressante puisque le montant consenti ne devra être remboursé que lors de la vente ultérieure du bien ou de sa transmission dans le cadre d’une succession, sans qu’aucun délai maximum ne soit imposé.
Néanmoins, les établissements prêteurs ne sont pas philanthropiques pour autant ! En effet, en contrepartie de ce différé de remboursement, ce prêt est assorti d’une hypothèque sur le logement concerné.
L’État comme garant
C’est la loi Climat et résilience du 22 août 2021 qui a rendu possible la création de ce nouveau produit financier, en s’inspirant de l’ancien prêt avance mutation, mis en place il y a quelques années mais peu utilisé en raison de garanties jugées insuffisantes par les établissements de crédit. Pour éviter le même écueil, le législateur a donc cette fois mis en place plusieurs verrous de sécurité.
En plus de l’hypothèque appliquée sur l’habitation, l’État s’engage ainsi à garantir 75 % du montant du crédit, afin de pallier toute éventualité de moins-value sur le bien lors de sa vente ultérieure.
En effet, si la réalisation de gros travaux de rénovation énergétique ne peut qu’augmenter la valeur du logement, nul ne sait quel sera l’état du marché dix, quinze ou vingt ans plus tard, lorsque le ménage décidera de s’en séparer ou qu’il sera transmis dans le cadre de la succession.
Si le prix de la cession ne permet pas de rembourser entièrement le crédit, c’est donc l’État qui couvrira la différence.
Des conditions d’accès restrictives
Au vu de ses conditions, le prêt avance rénovation est sans surprise réservé à un public spécifique.
En effet, ce produit financier est destiné aux propriétaires aux revenus modestes qui occupent des passoires thermiques et qui sont souvent exclus des emprunts bancaires classiques.
C’est ainsi une nouvelle arme dans la rénovation des logements classés F ou G, grâce au financement de travaux d’isolation et de chauffage.
Côté ressources, une personne seule doit afficher un revenu fiscal de référence de moins de 19 565 € (25 714 € en Île-de-France), contre un plafond de 28 614 € pour un couple (37 739 € en Île-de-France) et 40 201 € pour un foyer de quatre personnes (52 925 € en Île-de-France). Le montant octroyé et le taux d’intérêt appliqué sont en revanche laissés au libre choix des établissements bancaires partenaires.
Sachez toutefois que le Crédit Mutuel et la Banque Postale commercialisent déjà ce prêt avance rénovation à un taux de 2 % et jusqu’à 30 000 €. Les conditions varient en fonction de l’âge de l’emprunteur et de la valeur estimée du bien.
Focus : avoir une vision à long terme
Le nouveau prêt avance rénovation est évidemment cumulable avec les autres aides aux travaux telles que MaPrimeRénov, les primes des certificats d’économie d’énergie, les subventions locales et même l’éco-prêt à taux zéro puisque l’objectif est de n’avoir rien à débourser au moment du chantier. Il n’empêche, avant de signer l’offre de la banque, pensez bien aux conséquences de votre décision !
Si vous ne payez pas maintenant, le montant de l’emprunt sera en effet prélevé plus tard. De fait, il diminuera donc d’autant la somme empochée lors de la vente, ce qui ne doit pas être oublié dans le calcul d’un nouvel achat immobilier, ou réduira votre héritage en cas de succession.
Dans la mesure de vos moyens, il est en outre bien plus judicieux de ne reporter que le remboursement du capital et de vous acquitter chaque mois du paiement des intérêts (on parle de différé partiel).
Si au contraire vous retardez les deux (différé total), ces derniers vont se cumuler au point d’alourdir considérablement le montant final à régler lors de la vente !